mardi 17 mars 2015

Comme ton ombre - Elizabeth Haynes


Imaginez qu'avant de pouvoir rentrer chez vous, vous soyez obligé de faire le tour du bâtiment afin de vérifier que tout est normal. Imaginez qu'une fois dans le hall de votre immeuble, vous deviez vérifier six fois que la porte d'entrée est bien fermée. Une, deux, trois, quatre, cinq, six. Et que si vous êtes interrompu en plein rituel, il faille tout recommencer. Imaginez que, arrivé chez vous, vous tourniez la poignée de votre porte six fois dans un sens, puis six fois dans l'autre pour vous assurer d'être en sécurité. Que vous restiez plusieurs minutes derrière la porte, à l'affût du moindre bruit dans la cage d'escalier. Et que, tous ces contrôles effectués, vous commenciez une ronde dans votre appartement. Fenêtres, rideaux, tiroirs, tout doit passer au crible de votre attention. Imaginez aussi que vous ne puissiez faire les courses que les jours pairs et pratiquer un sport les jours impairs, mais à condition que le ciel soit nuageux ou qu'il pleuve.
Bienvenue dans l'univers paranoïaque de Cathy, une jeune Anglaise à qui la vie souriait jusqu'à ce qu'un soir elle fasse une mauvaise rencontre…
Mon avis
La critique de Chani m’a instantanément donné envie de lire ce livre, dont je n’avais jamais entendu parler, à tel point que j’ai plongé dedans dès que j’ai pu mettre la main dessus, et que je ne l’ai plus lâché.
Pourtant, ce n’est habituellement pas un genre dont je raffole. Je lis pour m’évader, changer de vie durant quelques heures, me mettre dans la peau de personnages dont, parfois, j’aimerais prendre la place, juste pour le fun.
Et c’est un doux euphémisme de dire qu’on n’a absolument pas envie de prendre la place de Cathy… Et pourtant, c’est un personnage très touchant, qu’on comprend sans peine. Je me suis plusieurs fois surprise à angoisser, souffrir et pleurer avec elle.
Je me suis souvent dit, en écoutant les faits divers à la télé ou à la radio, que les femmes battues devaient être, quelque part, plutôt faibles d’esprit pour se laisser faire ainsi. C’est le raisonnement bête et méchant de celle qui n’a, heureusement pour elle, jamais vécu ça, mais je suis certaine que je ne suis pas la seule… ça ne m’empêche pas de compatir, bien sûr, mais comment imaginer qu’on puisse en arriver à de telles horreurs ? Comment peut-on continuer d’aimer et de rester avec un monstre qui nous rabaisse ou nous tape dessus à la moindre occasion ?
En lisant l’histoire de Cathy et de sa rencontre avec Lee, on l’imagine très bien. C’est une lente spirale vers le fond du gouffre. Avant cela, Cathy n’avait pourtant rien de la femme faible et impressionnable qu’on s’imagine être la femme maltraitée. C’était une jeune femme normale, vive d’esprit, indépendante et libérée. C’était une jeune femme équilibrée qu’un monstre psychopathe aux apparences de gendre idéal a démolie pierre par pierre, à coups de pression psychologique et de poings.
Parallèlement à l’histoire de sa déchéance, on la retrouve quatre ans plus tard, plus ou moins recollée mais encore bien ébréchée. Le résumé de l’éditeur est assez parlant… Elle se débat tant bien que mal dans cette vie d’angoisses et de TOC, jusqu’à ce qu’elle fasse la connaissance de son nouveau voisin…
Comme ton ombre, c’est l’histoire de ce qui pourrait arriver à n’importe quelle femme, de la plus faible à la plus forte, de la plus détestable à la plus adorable. Ça pourrait être l’histoire de n’importe qui. C’est l’histoire de beaucoup de femmes… Mais c’est aussi l’histoire de la vie, d’un combat qui ne doit jamais être considéré comme perdu d’avance, c’est l’histoire de l’espoir. C’est un livre à la fois horrible et lumineux, raconté avec une justesse effarante, bouleversante.

1 commentaire:

Dis-moi à quel point tu m'aimes, même si je le sais déjà.

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